SEXTINE

Devant le petit lac chaque été on peut parler de ravin
Sur toutes les images immobile atroce un crapaud
L’appareil jetable répète en couleurs le polaroïd idem
Chaque fois hiver non mais d’un été à l’autre pareil
On voit les poires tomber sur les glaïeuls le renard
Ecrasé sur la route elle dit en larmes c’est un meurtre

Pas un seul regard pour celui du soir meurtre
Ou accident cette femme son corps au fond d’un ravin
Sur l’image d’elle retrouvée jaunie un col de renard
Autour de son cou assise sur un fauteuil crapaud
Elle rit au jeune époux plus bas sur l’image et lui pareil
Un échange parfait accord délicat amour désir idem

Quand du pareil au même se traduit par idem
Au petit lac des eaux chaudes se trafique du meurtre
Tuer du mouflon à défaut d’amour c’est pareil
Les hommes traquent le gibier au fond du ravin
Les enfants découpent au sécateur les pattes du crapaud
Il est toujours vivant ce n’est pas un renard

Au travers de la route le corps roux du renard
Je l’ai vu écrasé meurtre ou accident c’est idem
Comme l’image jaunie elle assise sur son crapaud
La bouche peinte ignorant tout du meurtre
Comme au bord d’un gouffre on se penche sur le ravin
On se croit immortel pour l’amour c’est pareil

Femme crapaud ou renard il dit c’est pareil
On désire la femme observe le crapaud tue le renard
Chacun de ces gestes peut s’accomplir prés d’un ravin
Pour le choc des atomes dans le vide idem
L’air et la lumière autre forme du meurtre
Quand la nuit ensevelit jusqu’au chant des crapauds

Et qu’en regardant les étoiles resurgit en crapaud
Max Jacob son étoile c’est encore pareil
Mais alors c’est en masse que s’accomplissait le meurtre
Si je détruits au bord du lac un piège à renard
Je songe avec lenteur au corps mort celui sur la route idem
A celui de cette femme jetée au fond d’un ravin

Crapaud femme ou renard c’est pareil
Idem pour la lumière ce décor de ravin
Chantiers doux chant habitacle du meurtre

2010