La poésie anarchique de Liliane Giraudon (Polyphonie Penthésilée)

Si le livre de Liliane Giraudon implique une « dialectique poétique du fragment », celle-ci est pourtant bien peu dialectique du fait d’une logique du montage et du mouvement (ou des mouvements). Le livre est autant composé de mots, de phrases, que de chocs, de rencontres, d’écarts, de fuites. Tout y est mobile : mots, syntagmes, temps, identités, sens. La synthèse dialectique laisse la place à une étrange dialectique du déchirement, de la fragmentation, à des synthèses disjonctives. La « dialectique du fragment » n’efface pas le fragment, le fragmentaire, elle ouvre au contraire le texte à une polyphonie qui réalise une universelle fragmentation.

Le titre, Polyphonie Penthésilée, se présente comme la juxtaposition de deux fragments que rien ne relie a priori, tel un agencement de différents. Ces deux morceaux langagiers, qui ne sont liés par aucun champ sémantique prédéfini, aucun domaine préexistant, aucune tradition littéraire, aucune logique commune, d’être ainsi juxtaposés, vont fonctionner ensemble autant que dysfonctionner ensemble. Reliés par la métrique, par l’allitération, les deux termes mis en rapport sont l’écho de la dynamique générale du livre qui articule des croisements, des possibilités, des résonances comme des écarts, des éloignements, des discordances.

C’est un tout autre monde qui est inhérent à cette logique du montage, du collage, de la rencontre, un monde de fragments flottants qui, un peu à la manière des atomes des épicuriens, se trouvent, se heurtent, se séparent, se joignent et se séparent selon des mouvements que rien n’oriente a priori. Pour Liliane Giraudon, c’est ce monde qui est le monde – qui est les mondes –, et c’est ce monde qui est celui de l’écriture, de la poésie. Ecrire est fragmenter le langage, faire remonter à la surface la nature fragmentaire du langage et du monde, la nature fragmentaire des mots, des phrases, des « identités » liées à la narration, à la parole, au fait d’écrire.

Les pages de Polyphonie Penthésilée font effectivement penser au clinamen épicurien, à une pluie d’atomes mais dans tous les sens, verticalement, horizontalement, en diagonale, dans telle direction ou selon la direction inverse. L’espace habituel de la page, son espace institutionnalisé, naturalisé, répondant aux exigences actuelles de la narration, du sens, répondant à l’image classique du sujet écrivant et pensant, correspondant aux besoins du marché du livre (« le genre en littérature/pâle relique maintenue sous perfusion/par les besoins de l’industrie ») qui vend les narrations et essais comme des produits calibrés pour se plier aux attentes de la logique commune – tout ceci explose au profit d’un autre espace, d’autres conditions du langage et du sens autant que du non-sens, d’autres conditions de la parole, du silence, de l’énonciation, de la lecture.

Ici, l’espace de la page, du langage, du sens, est celui ouvert par Mallarmé et investi depuis, de multiples façons, par la poésie contemporaine. La page n’est pas un support neutre, invisible, idéalement absent : la page, sa blancheur, deviennent ce qui participe du texte, un silence avec lequel écrire, des possibilités d’écart et de rapprochement, des possibilités de cadrage et de décadrage, c’est-à-dire de mouvements – le cadre même du livre, son enfermement à l’intérieur des limites d’un petit volume étant mis en crise par un dehors vers lequel il tend, qui l’envahit. Avec Mallarmé, le langage s’affole, le livre est mis en tension, ses limites internes et externes s’ouvrent. Les moyens de la poésie s’écartent de tout modèle préétabli, la phrase se fait syntagme, la liaison se fait disjonction, le sens se fait son et écho, l’enchaînement s’interrompt, bifurque, se reprend… Une vie nouvelle du langage se fait jour – langage hors de lui-même, fait de fuites, d’écroulements, d’échos, de fragmentations. C’est cet espace mallarméen que Liliane Giraudon habite, traverse, qu’elle déchire encore davantage par le collage, par une dynamique de la rencontre, par ce qu’elle appelle ici une « polyphonie ».

La polyphonie appelle évidemment la pluralité des voix mais aussi les sons de la parole ou du chant plutôt que les signes tracés par la main qui les maîtrise (la main du maître) – voix qui se superposent, se juxtaposent, se combinent, articulent ou crient ou chantent ou se taisent (« le poème qui est vocal »). Le langage happé par la voix est happé par la bouche qui le mange, le recrache, le divise, le fait passer dans un mouvement de sons qui ne sont plus nécessairement des mots – mots désarticulés, soufflés, retenus, vomis, devenant cri ou silence. Le langage polyphonique est un langage de la voix et de la bouche de la façon la plus étendue, de l’articulation au cri, du souffle au silence. C’est cette dynamique qui travaille l’écriture de Liliane Giraudon. Derrière les mots, derrière les syntagmes qui constituent le texte – derrière le texte, à l’intérieur du texte, il y a des grognements, des cris, des malaxations, le travail des dents, les bruits de la bouche qui construisent et détruisent le langage qui est fait écriture (« un rapport continu et déchiqueté au langage »). A l’image de Penthésilée qui, dans le livre, dévore le corps d’Achille, l’écriture de Liliane Giraudon dévore le langage – dévore la poésie –, l’introduit dans la bouche, le reconstruit en l’anéantissant – langage indissociable de son propre anéantissement.

Dans Polyphonie Penthésilée, la pluralité des voix existe par le collage disparate, par le montage de différents : une mosaïque folle de fragments prélevés, juxtaposés, agencés non selon un idéal de synthèse, d’unité, mais exhibant sa disparité, articulant ses disjonctions, dessinant des mots, des phrases autant que des ruptures, des fuites, des échappements de la syntaxe et du sens (« le dessin une écriture/sans syntaxe ni orthographe »). La phrase se fait syntagme, juxtaposition de quelques mots (éloignés de leur identité de mot), le sens devient flottant, mobile. Liliane Giraudon choisit de supprimer la ponctuation, les signes indicatifs de l’ordre habituel de la langue : le début et la fin, le développement logique et sémantique se troublent, tendent vers l’indistinction, l’indifférenciation. Les fragments sont liés par le même geste qui affirme leur déliaison.

Ainsi, le syntagme est débordé, troué de lignes de fuite, le texte est une tension entre des directions, des significations, des possibilités différentes et divergentes. La polyphonie ne désigne pas ici uniquement la pluralité des voix, elle implique que cette pluralité se répande à travers l’ensemble des éléments du texte, la phrase syntagmatique étant habitée d’autres phrases, l’articulation disjonctive entre les segments faisant proliférer la phrase et le sens, les éléments linguistiques étant moins des unités que les tracés de lignes de fuite toujours ouvertes, diversement connectables (rhizome). La polyphonie radicalise l’espace mallarméen, le pluralise et le fragmente encore davantage, le désindividualise au profit d’une multiplicité grouillante et proliférante qui devient le tout du texte et du sens comme de son « échec ».

Le langage perd son orientation, la page perd ses directions valorisées. Un peu comme dans la peinture all over de Pollock, la page s’organise selon des lignes autant horizontales que verticales et transversales. Le travail sur le son, sur les thèmes, sur les unités linguistiques se fait selon une logique de l’écho, de la reprise, du prolongement, de l’interruption – et ce travail organise une désorganisation généralisée, un débordement constant, une tension toujours vers autre chose.

Par exemple :

« Parmi la liste des adverbes

                                                    je me réjouis

ce soir d’être si seule vérifiant

                                                   navrée

                                                   que tendrement peut s’écrire

                                                   et pas déchirablement »

Ce groupe syntagmatique s’articule horizontalement, verticalement, transversalement selon des sauts, des ruptures, des échos et prolongements. Il conjoint des opposés (« liste » / « seule » ; « je me réjouis » / « navrée ») et permet une circulation des liaisons, des possibilités coexistantes : je suis parmi la liste des adverbes (que suis-je alors ?) / je vérifie la liste des adverbes (liste à laquelle je n’appartiens pas) ; je me réjouis puis je suis navrée / je me réjouis et en même temps je suis navrée (disjonction du Je) ; tel adverbe (« tendrement ») peut s’écrire alors qu’un autre (« déchirablement ») ne le peut pas / tel adverbe ne peut pas s’écrire (« déchirablement ») alors qu’il est justement écrit ; etc.

Autre exemple :

« musicalité de l’air

clarté de la rupture »

Si, dans ce livre, le fait que les syntagmes ne s’enchainent pas nécessairement selon la ligne horizontale produit une mise en valeur de la verticalité du texte, un travail selon la verticale sur les sons, sur l’assonance et l’allitération, accentue encore cette mise en avant du vertical, comme un décentrement de la page, du texte, du sens. Musicali de l’air / clarté de la rupture : la correspondance verticale est sonore, musicale, affirmant donc le son, lui attachant un sens flottant, imposant la présence physique de la bouche qui articule, de la langue (organe) qui bouge dans la bouche, des dents qui modulent les sons selon des mouvements qui démembrent le sens, l’ordre cohérent de la langue.

Dans ces deux exemples, les syntagmes tendent à devenir nomades, indéterminés ; le sens circule, coule, non fixé, constamment troublé. Et le locuteur ne correspond plus à ses caractéristiques habituelles (sujet, maîtrise, cohérence…), il ou elle existe comme pluralité non réconciliée de voix, de lignes, de possibles, de sons, de fragments – comme mouvement anonyme, impersonnel, d’un devenir : musique, bavardage, murmures…

Il y a bien un Je qui existe dans le livre, pourtant incertain, non défini, inséparable d’autres qui parlent à travers lui, qui sont lui ou elle, ou les deux, ou autre chose encore : chœur antique déréglé, les voix d’un peuple parlant chaotiquement. Le prélèvement, le collage de segments d’origines diverses (bouts de récits, de constats, de souvenirs, de citations, d’images, etc.) permettent l’existence de cette pluralité des voix dans celle du Je qui est moins sujet que chambre d’échos, croisement constant d’une diversité, meute sauvage plutôt qu’individu (« sentir la voix de Djuna Barnes/trouver la tienne »).

Ce Je est variable, non assigné, inséparable d’autres : des Tu, des Elle, des Il, des noms et prénoms d’écrivaines et écrivains, des écrivains qui sont des écrivaines, des personnages de la mythologie, de peuples, des animaux qui, d’être cités, évoqués, retranscrits, constituent le tissu déchiré du texte autant que de la subjectivité de son autrice, de sa voix qui, écartelée et traversée, ouverte, en devient l’écho multiple. Ici encore, on retrouverait Mallarmé, sa constatation de ce qu’implique le nouvel espace littéraire qu’il crée, à savoir « la disparition élocutoire du poète » au profit des mots, du langage mais d’un langage, chez Liliane Giraudon, déchiré en mille morceaux flottants et mobiles, en mille voix cacophoniques et chaotiques composant la plus belle des musiques – l’autrice écrivant, comme en écho à Mallarmé : « je ne suis pas / cette I am / puisque écrire efface ».

La polyphonie selon Liliane Giraudon mobilise plusieurs types de voix, plusieurs modalités de la voix : voix des vivants, voix des morts, des mourants, voix lyriques, voix murmurées dans le silence et la solitude, voix des fantômes, voix réelles ou possibles. Cette traversée de soi par les autres, cette tension de soi vers l’autre, cette présence de l’autre en soi prennent, dans le livre, plusieurs formes : l’adresse plutôt que le dialogue, discussions rapportées (avec Nanni Balestrini), voix entendues, voix imaginées… La locutrice est cet ensemble de voix, sa voix propre étant une multiplicité d’autres voix que la sienne (« autant de je que de toi »), son rapport à ces voix définissant son identité défaite, trouée, peuplée d’un dehors qui ne cesse de croître. Aucune hiérarchie dans ce rapport aux voix, aucun centre, aucune périphérie : seulement une ouverture à ces voix, leur accueil, leur affirmation, leur liberté. Et une vie nouvelle pour le soi détruit…

Polyphonie Penthésilée est traversé par la mort, par le mourir (« un Cantique spectral ») : évocation de massacres, d’Auschwitz, de meurtres, de violences mortelles, assassines ; multiplication d’images funèbres, de syntagmes, de verbes qui renvoient à la décomposition, à la dégradation pré-mortelle, à la maladie (« ce printemps/la mort est partout »). Également présent, tout un champ sémantique et thématique de la violence, de la destruction, de la perte. Ces dimensions de la vie que sont la mort, la violence, la souffrance sont ici affirmées pour elles-mêmes, comme des faits, des constats – constat d’une vie, constat de toute vie. Nous connaissons la mort, nous connaissons la perte, nous connaissons la plus grande souffrance, platement dicible ou bien indicible, l’horreur, la vie comme trou noir. Mais nous les connaissons en tant que nous vivons, en tant que nous sommes vivants, leur affirmation étant encore une affirmation de la vie, même réduite, même ultime, comme une affirmation qui en un geste rassemblerait toute la vie d’une vie, ceux et celles qui ont été vivants et qui, ainsi réunis en une évocation, le demeurent même si ce n’est que durant la seconde qui précède l’instant où je meurs. Ce brassage de la mort qui traverse ce livre est aussi un geste vital, vivant, un geste de la vie encore (« s’exténuer à inventer jour après jour/une expérience vivante de la mort »).

Cette présence de la mort et de la violence est le centre d’une dénonciation, d’un rejet violent, de l’attaque contre les politiques de mort que nous subissons (« depuis qu’Auschwitz est devenu/modèle de base de la société technologique »), contre les politiques violentes qui nous tuent, nous blessent, nous amputent de nos vies ou, plus banalement, nous coincent dans des vies diminuées, doucement asservies, des vies déjà mortes. Polyphonie Penthésilée est un livre multiple, livre de poésie et livre d’une poétique anarchiste, livre féroce et infiniment aimant, brutal et délicat, livre animal aussi, sauvage comme un animal. C’est également un livre politique, antifasciste – contre le fascisme partout où il peut être, contre les politiques de mort partout où elles peuvent être. Et, bien sûr, ces dimensions plurielles se croisent, se mêlent, se font écho, se court-circuitent, se relancent, se répètent…

La violence sexiste est particulièrement présente, violence sur le corps des femmes, dans le corps des femmes, violence contre les pensées des femmes, contre leur créativité, leurs créations, leur poésie, leur existence. Une des lignes qui traversent le livre concerne la marginalisation, la mise à mort des femmes dans la poésie, dans les textes, dans les institutions de la poésie : la poésie des mecs comme poésie sexiste, comme point de vue masculin et sexiste sur le monde, toute une littérature masculine comprise comme moyen d’un pouvoir, moyen d’une violence sur le monde, sur les femmes, sur les vivants (« ces garçons/aussi pâles que joufflus/futurs poètes gérant/très tôt leur postérité » ; « une poésie patriarcale bien verticale/manifestes comiquement phalliques »). Le regard, ici, est à la fois politique et poétique et. Comme moyen de sortir de la simple opposition et hiérarchisation actuelles homme/femme, est posée cette question : que font les femmes à la poésie ? Il ne s’agit pas de reprendre le thème de l’écriture féminine, d’invoquer une nature féminine de la sensibilité qui s’exprimerait dans une écriture identifiée comme féminine. Il s’agit de poser la question d’un point de vue politico-poétique : que font les femmes à la poésie, que lui font-elles en tant que sujets politiques et poétiques ? Et la réponse de Liliane Giraudon, serait : elles la détruisent, la dévorent, elles y libèrent ce que l’ordre masculin du monde enfouit et veut ignorer, elles inventent une poésie anarchiste, anarchique, sans image, sans modèle, une poésie transgenre, une poésie lumpen, une poésie destructrice et joyeuse, c’est-à-dire vivante, créatrice d’un autre monde pluriel, multiple, fragmentaire, mobile.

La figure de cette critique radicale est, dans le livre, Penthésilée, reine des Amazones, chasseresse accompagnée de sa meute de chiens, devenant elle-même chien lorsqu’elle tue et dévore Achille. Penthésilée est une violence pure, muette, dévorant la chair, l’arrachant au corps inerte de celui qui l’aimait et qu’elle partage avec ses bêtes furieuses. C’est cette image que Liliane Giraudon impose ici aux regards masculins, aux poètes virils, aux mâles qui imposent leur pouvoir dans les textes, dans la théorie, dans les institutions : une gueule dévorante, couverte du sang de leur propre cadavre, une femme-animal férocement, intensément, joyeusement destructrice (« ne comptez pas sur nous/pour un quelconque apaisement »).  Mais, encore une fois, loin de tout nihilisme, cette image est aussi une image de vie : pour la vie de la création, de la poésie, pour un autre langage poétique, l’autre langage d’un autre monde (« aide-nous à écarter/nos cuisses dans une langue/introuvable/mais qui serait la nôtre »).

Dans Une Grammaire de TangerEmmanuel Hocquard écrit : « La grammaire donne des ordres ». L’auteur souhaite un « travail d’investigation critique de la grammaire », se réfère à « l’hypothèse d’une nouvelle redistribution du monde » par-delà le langage admis, par-delà la littérature admise, par-delà la phrase qui organise toujours la pensée selon « un ordre fixé par des règles », selon « un ordre où les raccordements sont déjà réglés ». Et il appelle de ses vœux « une organisation logique de la pensée autre que celle de l’ordre linéaire continu prédéterminé par des règles fixes ». Une révolution poétique, une révolution du langage, pour une révolution du monde, une sortie hors de ce qui emprisonne le langage mais aussi la pensée et la vie.

C’est ce mouvement précis qu’accomplit Liliane Giraudon dans Polyphonie Penthésilée (comme dans toute son œuvre) par la recherche et la pratique d’une agrammaticalité, d’une désarticulation des logiques internes au langage commun et au livre, par la désorientation et la réorganisation de la page et du sens, par la dévoration du langage, sa fragmentation, sa « polyphonisation » généralisée. Cette crise du langage doit être portée jusque dans la poésie, jusque dans le corps masculin de la poésie sur lequel il faut lâcher ses chiens, ses mots, ses syntagmes, dans lequel il faut libérer des mouvements destructeurs autant que créateurs : fragmenter, défaire, désunifier, désidentifier, pluraliser… Les enjeux sont poétiques, politiques, éthiques, vitalistes : penser autrement, vivre autrement, créer autrement, pour un monde existant autrement.

Il y aurait mille choses à dire sur ce livre, mille choses à dire avec lui, à partir de lui, tant il s’agit d’un livre puissant, enthousiasmant. Au sujet de Liliane Giraudon, sans doute faudrait-il reprendre ce qu’elle écrit à propos d’une autre poétesse : « la Dickinson bien loin devant tous/caracolant Hors Livre ». Liliane Giraudon, Liliane-Penthésilée, loin devant tous, la poésie française contemporaine courant derrière elle, sur ses traces…

Jean-Philippe Cazier pour Diacritik